samedi 18 février 2012

Page 1 (Aimèphe)

[Compilation des épisodes de la semaine, formant la page 1 du texte d'Aimèphe]



Hestia s’interrogeait souvent sur le chaos de ses rêves. Rien d’aussi funeste que l’explosion d’un avion en plein vol ou d’aussi fantastique que la découverte d’un scarabée d’or aux pouvoirs magiques. Non, son chaos à elle, était proche de l’absurde.

Revenait par exemple souvent, ce rêve où tout un peuple idolâtrait un poisson perché sur la cime d’un arbre, nommé Nodiesop, amoureux d’une abeille qui ne l’était plus de lui, fâchée de n’avoir reçu d’éclair pour la Saint Esteban 1er.
Esteban 1er pour la petite histoire, était une tortue Cherokee, gardien des fleuves et père de Nodiesop, qui fut tué en mangeant une pomme empoisonnée par la foudre. En hommage à cette tortue sacrée, ce jour de deuil devint une fête galactique.

Mais ce jour plongeait surtout Nodiesop dans le désespoir le plus profond. Il se refusait d’offrir un éclair à qui que ce soit, fut-ce même à son abeille adorée, qui était malheureusement bien trop égocentrique pour comprendre ce qu’il ressentait.
« Amour, lui avait-il écrit un jour pour se faire pardonner de ce qu’elle estimait être une offense, je me languis de vous comme un boulier sans calcul, mes yeux pleurent et de mon cœur déchiré jaillit toute la souffrance et le tourment que me procurent vos adieux. Un simple éclair ne peut honorer votre douceur et votre grâce, moi je vous offre toute la lumière de mon désir et toutes les fleurs de ma passion. Sans vous je ne suis qu’un ver qui cherche le fruit dans lequel vivre ».
Rideau… fin de l’histoire…
Jamais Hestia ne sut si l’abeille émue par ces paroles, aurait rejoint Nodiesop sur la cime de son arbre ou si elle se serait entêtée dans sa mascarade pour se délecter de son chagrin.
La cause ? L’angoisse qui monte, une main pressée contre sa bouche, le manque d’oxygène, une lumière intense, des bruits de pas au loin, la chute.
À chaque fois, Hestia se réveillait à côté de son lit, ses draps en vrac et son ours à la main. Elle restait ainsi longuement, allongée sur la moquette, pensive, les yeux fixés sur ses étoiles phosphorescentes collées au plafond. Hestia se disait alors qu’elle aimait les étoiles, la lune et les arcs en ciel, qu’elle aimait aussi Léane, sa grand-mère, disparue au cours d’un voyage. Dès qu’elle pensait à Léane, Hestia comprenait toute la douleur de Nodiesop et la ressentait.


(à suivre)

Aimèphe

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