mardi 21 février 2012

Episode 7


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Il était décidé à faire la lumière sur cette exquise hôtesse – récupérer son adresse, recenser les monstres de son enfance, ceux qui sont cachés dans nos placards avec des têtes hideuses, connaître ses fleurs préférées, reparler derechef des monstres domestiques, et ainsi de suite jusqu’à l’épuisement des ressources formelles que l’on peut soutirer d’une première discussion. Pas une once de culpabilité ne l’étreignit à l’idée d’entrer en séduction. Si cette femme avait le pouvoir de lui redonner le goût de vivre, alors il n’était pas contre à plonger dans un fleuve d’érotisme, quitte à nager à contre-courant, en totale discordance avec le cadavre de son épouse, dont la putréfaction avait déjà dû commencer, aidée par le magnétisme des vermisseaux qui sont un peu les scutigères des sous-sols. Oh il n’était pas rempli d’allégresse devant pareille ambivalence ! D’un côté il y avait ce cadavre qu’on ne lui avait même pas permis de voir, et de l’autre il y avait cette femme en uniforme qui accaparait le caractère inquisiteur de sa vision. Du reste, comme il était assis et qu’elle était debout, qu’elle lui tournait le dos et qu’elle était légèrement penchée sur le côté du fait de sa main posée sur le siège, il saisissait le détail d’une fesse bombée qui remplissait un coin de la robe et qui laissait deviner la délicatesse d’un string, un de ces détails dont raffolent les adolescents, les célibataires et les veufs.” (Gregory Mion)


(Suite de l’histoire n°2) ”Assise sur un banc à côté du radiateur, elle patienta environ une heure. Non pas que le commissariat fut bondé ou que les policiers furent débordés, bien au contraire…mais personne n’était encore venu prendre sa déposition. Finalement, un jeune homme l’invita enfin à passer dans son bureau. Il était fort aimable mais ne semblait pas dans une forme olympique. Son visage, comme aimanté par le sol, se décrochait à mesure qu’il faisait un pas devant l’autre. Cécile lui raconta en détail l’épisode du pont, ce qu’elle eut le temps de voir, son éveil chez elle, les traces de pas…elle n’oublia aucun détail, et mentionna même la lampe qu’elle avait sur elle et qui avait disparue à son réveil, les pétales de fleurs qu’elle trouva dans sa poche, la canne de son grand-père sans laquelle elle n’aurait jamais pu se relever, et même le miaulement d’un chat qui l’a fit sursauter quand elle se « baladait » sur les berges juste avant que l’homme masqué ne fasse son apparition. Elle lui raconta absolument tout - tout, sauf l’essentiel évidemment.” (Prisca)


(Suite de l’histoire n°3) “Depuis la disparition de Léane, ses fleurs s’étaient fanées peu à peu et ses livres étaient devenus inutiles, oubliés, personne n’osait ranger la maison de peur d’éloigner son âme à jamais de sa demeure. Les nuits d’Hestia étaient cauchemardesques, elle ne pouvait s’endormir sans la lumière allumée dans sa chambre et toute une ribambelle de peluches tout autour de son oreiller pour la protéger.

Après quelques mois, ses angoisses s’étaient estompées, la vie avait repris son cours car Hestia s’était persuadée que sa grand mère veillait sur elle, tel un ange gardien.” (Aimèphe)


(Suite de l’histoire n°4) “On devrait être presque arrivés. Le temps qu'apparaisse une fleur sur l'appuie-tête de mon voisin; vite!, je l'attrape et la glisse dans ma poche. Au moment de me retourner, je me rends compte que l'enfant assis derrière moi m'a vu, il risque de compromettre mon incognito, mais heureusement il y a un loup-garou derrière lui qui va le manger bientôt, je n'ai qu'à laisser la nature faire son travail.
Hum. Je ne dois pas être bien réveillé. Je me retourne et fait semblant de me rendormir, c'est peut-être le meilleur moyen de me réveiller.
En imaginant que je sois encore en train de rêver, sous l'effet de mon somnifère, cela expliquerait pourquoi... mais la fleur! Mais j'ai pu rêver qu'elle apparaissait. Cette historie de loup-garou n'était quand même pas très nette. Donc, si je suis encore en train de rêver, sous l'effet de mon somnifère... Donc, si je suis encore en train de rêver...
Je me suis rendormi. C'est sans doute bien, quand je me réveillerai on sera arrivés. J'aime dormir en voyage.
J'ai peut-être trop travaillé ces temps-ci. C'est que j'essaye de rattraper un retard initial. Mais tout de même, mon œil intérieur continue d'être aimanté par le malheur, toute l'architecture du monde est à l'envers, aucun flambeau dans mon obscurité, aucune orthèse pour me soutenir. Et mon chaman qui ne fait rien! ” (Antoine B.)



(Suite de l’histoire n°5) “Margaret avança dans le couloir sombre qui menait à son appartement, et poussa la porte en bois gonflée par l'humidité avec difficulté.
A l'intérieur, l'air était lourd, et le ficus dans l'entrée paraissait tristement défraichît. Elle jeta sa valise dans sa chambre, et entra dans le salon. Elle resta un moment dans le noir, observant la rue à travers l'une des fenêtres, puis elle l'ouvrit et sortit sur la terrasse.” (Rose)

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