lundi 27 février 2012

Episode 11

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “À presque minuit heure locale, le vol American Airlines 386 atterrit sans choc majeur à l’aéroport international Sky Harbor de Phœnix, sur la piste illuminée de spots. Les passagers s’enquirent de leurs bagages à main surchargés, les uns parlant d’aller immédiatement à Scottsdale, les autres à Chandler, et d’autres encore à Glendale, c’est-à-dire des zones urbaines périphériques qui entourent le « downtown » de Phœnix. Calbert ne se pressa pas pour rejoindre les sorties disponibles de l’avion. Il marchait dans les pas du financier, qui ne s’était pas précipité non plus. Il était déçu que l’hôtesse à la croupe pittoresque ne fût pas des équipes désignées pour faire sortir les voyageurs – elle devait ranger les plateaux repas à l’arrière, vidant les nourritures non consommées en actionnant le broyeur de déchets. Calbert risqua un regard vers cette partie de l’avion. Une lumière s’échappait au bas d’un rideau tiré des deux côtés où l’on pouvait accéder à cette pièce à vivre du personnel de bord. Une ombre était effectivement en train de s’agiter derrière ce rideau, ce qui accréditait sa thèse. Calbert Robinson se figea un moment, le visage défait par le voyage et l’étalement de son deuil, puis il se retourna, porta son œil sur le pantalon Emporio Armani du piranha et passa indifféremment devant deux hôtesses grassouillettes qui le gratifièrent des commodités linguistiques relatives à ces situations d’aéroport. Il ressentit tout de suite l’air alourdi du Sud.” (Gregory Mion)


(Suite de l’histoire n°2) ”- "Marc, vous pensez que les hommes qui se sont introduis chez moi sont du village ?"

Marc releva les yeux.

- "Oui c'est tout à fait probable. Et je dirai même, au regard des traces de pas qui indiquent qu'ils savaient parfaitement se diriger au sein de votre maison, qu'ils connaissaient les lieux. Mais peut-être ne m'avez-vous pas attendu pour établir ce constat..."

Le parachute de secours de Cécile avait fonctionné, elle avait détourné l'attention de Marc des traces du bûcher. Mais elle avait susciter à nouveau sa suspicion. Son visage laissait parfaitement transparaître son malaise, elle n'avait jamais vraiment su mentir, encore moins face à un représentant de la justice. Mais il fallait impérativement qu'elle renforce sa carapace, l'heure n'était pas aux aveux, bien au contraire.

Elle cherchait une nouvelle idée pour se sortir de cette mauvaise passe quand elle aperçu quelque-chose briller quelques mètres plus loin. Elle s'avança avec hâte :

- "Marc, regardez, c'est ma lampe de poche !"

- "Ne la touchez pas !"

Marc enfila des gants et ramassa l'objet :

- "Vous portiez un pull en laine quand vous vous êtes faite agressée ?"

- "Non pourquoi ?"

- "Parce-qu'il y a des fibres coincées dans l'interrupteur, et cela ressemble à de la laine. Il va falloir que nous la fassions analyser également, on va peut-être pourvoir obtenir de précieuses informations."” (Prisca)


(Suite de l’histoire n°3) “Sur le chemin de l’école, elle y pensait souvent, ce qui avait l’avantage de calmer son anxiété, elle n’aimait pas l’école. Elle y pensait aussi pendant les cours, ce qui amenait son institutrice à la réprimander sévèrement pour ses rêvasseries. Elle finissait par être à la traîne et ne pas suivre le troupeau. Tout ce que demandait Hestia c’était simplement d’y voir plus clair.” (Aimèphe)


(Suite de l’histoire n°4) “Car je ne suis pas le narrateur de cette histoire. Mes rêves s'insèrent dans les interstices du réel, mais je n'ai pas le pouvoir de la narration - d'où ma difficulté à faire avancer ce récit par la moindre action décisive.
Le Narrateur, lui, était assis quelques rangs derrière moi, le temps de réunir les informations nécessaires à son récit; il pense en avoir assez vu et flotte à présent dans les airs, suspendu à un parachute, en direction de montagnes rocheuses et en grande partie enneigées - mais ça n'a pas l'air de l'inquiéter et ce n'est pas mon rôle de veiller sur lui.
Le Narrateur est un sacré gaillard, après tout: d'après son profil Facebook, il a exploré la nuit boréale armé d'une seule lampe torche, rentré chez lui a inventé une ampoule à filament indestructible, "pour ne plus jamais être seul dans le noir" a-t-il déclaré, c'est vrai qu'il était émotionnellement instable après ce voyage, son seul ami pendant des mois était une tortue dont il avait orné la carapace, peu à peu, de douzaines d'ampoules resplendissantes, la tortue a fini par mourir, condamné en justice il s'est exilé pour la Nouvelle-Zélande où il a élevé des moutons, en se sentant triste, jusqu'au jour où son troisième œil a commencé à le démanger.” (Antoine B.)


(Suite de l’histoire n°5) “Elle prit une casserole, y fit couler de l'eau et la posa sur le feu. Elle resta un moment immobile, observant les flammes, puis sortit une tasse du placard, le pot de café lyophilisé et une cuillère. Après s'être servie, elle retourna dans le salon. Dans la lumière rasante du soleil matinal, on pouvait voir les moutons de poussières qui suivaient les pas de Margaret sur le parquet.” (Rose)

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