vendredi 2 mars 2012

Episode 14

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Son attention se reporta sur son environnement direct. Une imposante enseigne publicitaire en forme de cube clignotait au-dessus d’un bâtiment qui refoulait une atroce odeur de bouffe. Des écritures chinoises remplissaient les faces du gros cube, jetant sur les pourtours des rayons psychédéliques. Calbert n’avait guère mangé dans l’avion, excepté la collation post-décollage où on lui avait servi en guise de café un jus de chaussettes accompagné d’un cookie emballé dans du plastique. Il aurait préféré les céréales pour gamins qui contiennent toujours des jouets magiques ou des figurines Marvel. Aussi, à l’heure actuelle, son estomac réclamait une réplétion. Tant pis pour la qualité sinusoïdale des spécialités asiatiques ; il avait si faim qu’il était capable d’improviser l’éloge d’un nem infléchi par quelque graisse végétale cancérigène. En trois enjambées, il fut devant la porte cochère du restaurant. Sur ses talons, sa valise paraissait imiter les gargouillements de son ventre.” (Gregory Mion)


(Suite de l’histoire n°2) ”Il se demandait néanmoins où pouvait bien se trouver la clé qui permettait d’ouvrir ce cadenas. Encore une question à laquelle il ne serait pas en mesure d’avoir une réponse facilement, songea-t-il. Mais résoudre une affaire, quelle qu’elle soit, n’était jamais tâche aisée et prenait souvent beaucoup de temps. Marc le savait et il avait signé pour ça. Il faisait partie de cette jeune élite qui monte dans la police et qui a la rage de vaincre au ventre, quels que soient les enquêtes et les protagonistes.

La porte de son bureau s’entrouvrit, un des jeunes chimistes du laboratoire se tenait dans l’entrebâillement :

- « Oui Maxime ? » fit Marc,

- « Lieutenant Tilmann, c’était pour vous dire que nous avions analysé la substance recueilli sur les traces de pas que vous avez trouvez au domicile de Melle Cerbiloni »

- « Et ? »

- « C’est du plâtre, Lieutenant »

Le visage de Marc s’assombri :

- « Je vous remercie Maxime. Revenez me donner les résultats suivants dès que vous les aurez »

Maxime referma la porte aussitôt, laissant Marc en pleine réflexion. Qu’est-ce que du plâtre venait faire au milieu de tout ça ? Il n’y en avait pas chez Cécile, ni aux alentours, ni même près du pont et de la rivière. Cette histoire commençait à partir dans tous les sens, et cela inquiétait Marc car même s’il n’en avait pas encore la preuve, il avait la conviction que cette affaire allait se révéler beaucoup plus grave qu’elle n’y paraissait. Sans compter qu’il savait que Cécile lui avait menti sur bien des points, il n’était point nécessaire d’avoir fait 5 ans d’école de police pour le deviner.

Cécile quant à elle aurait souhaité à ce moment précis pouvoir se télé-transporter d’un coup de baguette magique dans un avion, destination Nouméa ! Une fois de plus, sa seule échappatoire était de rêver à ce jour où elle pourrait enfin tout quitter sans se retourner. Ceci-dit, il était encore temps de s’enfuir dès à présent et d’échapper à cette enquête menée de main de maître par Marc... Elle n’eut pas le temps de considérer cette pensée, le médecin fit son entrée dans le corridor. Trop tard, les dés sont jetés, se dit-elle tout bas.” (Prisca)


(Suite de l’histoire n°3) “L'an 2000. Imagine un peu ça Valentine, l'an 2000. On pensait que le monde allait changer, on avait plein de rêves, plein de peurs aussi, que la Lune viennent se poser ici, que toutes les machines meurent, des choses comme ça. Dans un village de Touraine, un grand bal sous les arbres illuminés. De la musique, des pas de danse, tout le monde ou presque s'était déguisé. Des masques tristes enlaçaient des masques gais, la petite fille virevoltait entre les jambes, folle de joie dans une robe à fleurs, un grand manteau, des chaussures rouges vernies et un bonnet. Et là, une main. Une main folle. A qui est la main ? Il y a bien cet homme triste, dans un coin, et là-bas, cet autre qui semble dormir, le visage plein d'alcool. Mais la petite fille cherche une main, une main méchante qui a soulevé sa jupe. Et toutes les mains se ressemblent. C'est là, à minuit, alors que le monde dansait, prêt à tous les changements, que tous les visages se sont mis, pour elle, à ressembler à d'énormes mains.” (Aimèphe)


(Suite de l’histoire n°4) “Comme dans un jeu de dés, c'est le hasard qui le fait progresser. Moi, je connais ça, mais lui, mon Narrateur, ne s'y est pas encore habitué. Il m'a laissé dans l'avion qui vole vers le néant et, quant à lui, tente de s'y retrouver.
Il a l'impression d'avoir marché à reculons depuis le début, d'avoir toujours possédé la clé du cadenas mais sans l'utiliser, comme s'il comptait sur la magie ou sur d'anciennes catégories de discours pour lui montrer la direction à suivre. Il comprend à présent que c'était une erreur, une injustice à réparer.” (Antoine B.)


(Suite de l’histoire n°5) “Margareth habitait depuis quelques années en Egypte, elle en était tombée amoureuse dès qu’elle avait posé le pied sur le tarmac brulant en sortant de l’avion un matin d’été.
Elle était revenue avec ses parents plusieurs fois ensuite ; son oncle y était ambassadeur à l’époque, et ils allaient souvent les retrouver, lui et sa femme. Margareth avait alors rencontré leurs amis, des artistes, géologues, voyageurs, et aristocrates; et avaient passé de longues soirées fiévreuses à refaire le monde, grisés par le champagne. ” (Rose)

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