samedi 3 mars 2012

Page 3 (Rose)

[Compilation des épisodes de la semaine, formant la page 3 du texte de Rose]


Elle prit une casserole, y fit couler de l'eau et la posa sur le feu. Elle resta un moment immobile, observant les flammes, puis sortit une tasse du placard, le pot de café lyophilisé et une cuillère. Après s'être servie, elle retourna dans le salon. Dans la lumière rasante du soleil matinal, on pouvait voir les moutons de poussières qui suivaient les pas de Margaret sur le parquet.
Le téléphone sonna, Margaret décocha et écouta, il semblait n'y avoir personne au bout du fil.
- Allo? fit-elle
Elle attendit quelques secondes puis raccrocha. Elle regarda par la fenêtre, une colonie de fourmis serpentait sur la terrasse. Elle s'enfonça un peu plus dans le canapé et attrapa la lettre dans sa poche droite.
Margareth regarda à droite, puis à gauche, comme pour vérifier si quelqu’un l’observait, elle se leva, enfonça la clé dans la serrure de la porte d’entrée et ferma la porte à double tour, puis elle retourna s’asseoir, ouvrit l’enveloppe et en sortit une feuille blanche, qu'elle déplia et commença à lire. Plus ses yeux parcouraient les lignes, plus son visage changeait, un rictus déforma sa bouche et elle jeta la lettre sur la table basse.
Margareth habitait depuis quelques années en Egypte, elle en était tombée amoureuse dès qu’elle avait posé le pied sur le tarmac brulant en sortant de l’avion un matin d’été.
Elle était revenue avec ses parents plusieurs fois ensuite ; son oncle y était ambassadeur à l’époque, et ils allaient souvent les retrouver, lui et sa femme. Margareth avait alors rencontré leurs amis, des artistes, géologues, voyageurs, et aristocrates; et avaient passé de longues soirées fiévreuses à refaire le monde, grisés par le champagne.
Elle était venue s’installer au Caire l’année de ses 25 ans, après deux années de travail bureaucratique infructueux passées à Paris, Margareth s’était alors dit que « c’était le moment où jamais » , avait rangé ses affaires dans des boites en carton et s’était envolée vers la chaleur fiévreuse du désert. Elle avait été accueillie par des amis de son oncle, dans leur appartement d’Héliopolis, mais trop éloignée du centre à son goût, avait décidée de s’installer sur l’île luxuriante de Gezira.




(à suivre)

Rose

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