mardi 6 mars 2012

Episode 17


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Ces fleurs, sur votre bagage, c’est drôlement écologique dans le concept. Oh vous plaisantez ! Je ne suis pas une amie de la nature, c’est juste que je suis allée dans une boutique et que j’ai pris un truc en promotion. Dans le vol que j’ai fait aujourd’hui, j’ai dû écraser un affreux machin qui m’a piquée… C’est vous dire que la nature n’est pas un cheval de bataille pour moi ; je suis une fille des métropoles, j’habite Boston. Bon, d’accord, ne tournons pas inutilement autour du pot. J’étais moi aussi sur votre vol puisque je vous ai vue. Ah ? Vous étiez sur le Boston/Phœnix ? Exactement. Je descends en Arizona pour méditer. C’est une curieuse de façon de voir les choses, mais pourquoi pas. Il faut dire que le plus souvent les gens viennent dans le Sud pour jouer au golf puisque les terrains du Nord sont impraticables l’hiver. À propos, c’est quoi votre nom ? On parle depuis tout à l’heure et on ne sait même pas comment s’appeler. Moi, c’est Calbert, fils du grand arbre généalogique américain où poussent les Robinson. Il n’y a pas de honte à porter un nom plus ou moins courant. Moi je m’appelle Carrie Stove. Je suis la cadette d’une sororité assez traditionnelle, peu importe. Carrie Stove, ça sonne, ça me renvoie à une atmosphère, ne le prenez pas mal, un peu gothique, du genre de celle qu’on fréquente dans les textes d’Emily Brontë. Oh ! Eh bien, vous me donnez des raisons de croire que mes sœurs seraient intéressantes, mais bon, je ne sais pas vraiment de quoi vous me parlez. Ne vous tracassez pas. Nous sommes en vie, c’est l’essentiel ; nous avons surmonté les soubresauts de l’avion. Mon Dieu oui ! Je ne devrais pas vous le dire mais j’avais une peur bleue ! Même les hôtesses de l’air sont peureuses quand ça balance.

Elle allait poursuivre sa péroraison sur le sentiment du danger quand son cellulaire retentit d’une musique inconnue de Calbert. Elle ouvrit nerveusement l’une des fermetures Eclair de son bagage et sortit d’une petite poche fleurie un Smart-Phone qui braillait un refrain inintelligible. La voix de Carrie se fit onctueuse et intimiste. Elle dédaigna Calbert d’un geste qui se voulait attentionné puis elle s’éloigna vers un angle mort du restaurant. Ses rouleaux de printemps étaient à peine entamés. Bien que Calbert affectât de porter un jugement plutôt négatif sur l’intellect de Carrie, il ne se sentait pas moins jaloux de l’interlocuteur qui retenait actuellement son invitée – car il ne pouvait s’agir que d’un interlocuteur. Sans réfléchir, par vengeance, il s’approcha de l’assiette de Carrie, joua de sa langue sur l’intérieur de ses joues, et laissa tomber sur les rouleaux de printemps un crachat composite.” (Gregory Mion)


(Suite de l’histoire n°2) ”Maxime entendit retentir les pas lourds de Marc traversant le couloir à toute vitesse. Il entrouvrit la porte et se trouva nez à nez avec lui :
- « Lieutenant ? Que se passe-t-il ? »
- « Maxime, je viens de penser à quelque-chose. Est-ce que vous avez déjà expédié les échantillons de fleurs et insectes à Marseille pour les examens approfondis ? »
- « Non, pas encore. Mais nous nous apprêtions à le faire, Lieutenant. »
- « Très bien, parfait ! Il faut que je rajoute quelque-chose dans les demandes de recherches. Où se trouve le formulaire ? »
Maxime pointa du doigt son propre bureau. Marc prit place dans son fauteuil, ouvrit le formulaire et cocha deux cases dans la rubrique « Demandes d’analyses annexes biochimiques ». Puis il reposa le formulaire et jeta un coup d’œil furtif vers Maxime qui comprit aussitôt qu’il fallait expédier le colis dans la minute.
De retour à son bureau, il enfila des gants en latex, attrapa le téléphone portable trouvé sur les lieux de l’enquête aux côtés du cadenas et de la carte bleue, et se mit à observer l’objet sous toutes ses coutures. Il prit notamment note du numéro de série de la carte SIM, mais ce dernier comportait des chiffres à moitié effacés. Il détermina donc plusieurs combinaisons possibles et lança une recherche sur son ordinateur. Son commissariat était relié depuis peu de temps à la base de données nationale des télécoms, et c’était une aubaine en l’occurrence. Car en règle générale, un petit commissariat de village comme le sien ne disposait que de très peu de moyens pour mener à bien les investigations. Ce gain de cause avait été le fruit d’une bataille acharnée, menée de main de maître par Marc et son collègue Jean, avec les autorités de la capitale. On leur avait longtemps répété que la mise en place d’un tel dispositif demandait un investissement monétaire beaucoup trop important par rapport à leurs besoins quotidiens. Mais Marc était d’un caractère qui ne s’avouait jamais vaincu et qui obtenait toujours ce qu’il voulait à force de persistance. Et cette victoire en était l’une des plus belles preuves.
Lorsque la recherche fut terminée, cinq noms de propriétaires potentiels apparurent sur son écran. L’un d’entre eux était domicilié à La Hutte.” (Prisca)


(Suite de l’histoire n°3) “Hestia avait été émue aussi d’apprendre que son ami veillait autant sur elle. Elle n’avait pas voulu le laisser transparaître et sa gratitude s’était, par gêne, transformée en un regard interrogateur et méfiant. Il lui fallait s’excuser maintenant.
Ce regard avait transpercé le cœur de Morphée. Il se jura qu’il ne lui adresserait plus la parole, jamais. « Quelle peste ! avait-il pensé. Tout ça, pour une histoire de tortue sanguinaire et de poisson naïf ! Pff …. je suis encore plus naïf que lui ! Entre son abeille et la punaise qui me sert d’amie…. Argh ! ».” (Aimèphe)


(Suite de l’histoire n°4) “Le Narrateur s'empare de son téléphone portable, compose un numéro et attend. On reconnaît à son sourcil froncé et à ses lèvres qui remuent qu'il a une question importante à poser à son interlocuteur.
S'agit-il de la direction à suivre? Soupçonne-t-il qu'elle mène au néant plutôt qu'au scarabée? S'agissait-il vraiment d'une fleur à butiner ou était-ce une métaphore? Son troisième œil le démange-t-il? Suis-je en train de faire le tour du tipi et m'observe-t-il? Pense-t-il à une chute inévitable et prochaine (j'éspère que non)?
Pendant que le Narrateur compte les sonneries, je ne me rends compte de rien, car j'avais mis mon téléphone en mode silence avant de faire ma sieste. Il faudrait d'ailleurs que je pense à l'éteindre complètement avant l'atterrissange.” (Antoine B.)



(Suite de l’histoire n°5) “Elle raccrocha et démarra sa voiture. Il faisait un temps magnifique, mais une chaleur étouffante. Les arbres étaient tous jaunis par le manque d’hydratation et l’ont pouvait voir la nappe de pollution qui surplombait la ville à l’horizon.
Elle roula plusieurs minutes puis une fois à l’entrée du Sofitel, sonna et un voiturier accourut pour s ‘occuper de sa voiture. Elle s’était toujours plus ou moins sentit mal à l’aise dans ces moments, n’étant pas habituée par sa vie française à être assistée tout le temps.” (Rose)

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